Etats-Nations, assimilation ou intégration des persécutés ?
Argumentaire pour un débat
Pascal Bruckner est romancier et essayiste. Il est titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un doctorat de Lettres. Il fut professeur invité à l'Université d'Etat de San Diégo en Californie (1986) et à la New York University (1987-1995), et Maître de conférence à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris (1990-1994). Depuis 1987, il collabore au Nouvel Observateur.
C.- Intégration ou assimilation : pour un cadrage conceptuel de la notion d'intégration française? - Jean-François Kola
Un extrait:
Il s’agissait d’amener l’indigène à diluer son identité et sa personnalité dans un moule français. Vue dans cette optique, l’assimilation revenait en somme à s’aliéner, à perdre sa personnalité, son identité en vue de l’assujettir à d’autres repères culturels. L’école, l’apprentissage de la langue française, l’octroi d’une citoyenneté française factice (9) étaient les nombreuses mesures qui devaient favoriser, rendre possible à long terme l’assimilation.
Aujourd’hui, il semble que l’on ne propose pas d’autre alternative à l’immigré en France, du moins lui propose-t-on l’intégration qui n’est rien d’autre qu’une autre forme d’assimilation.
Alexis Spire dans l’avant-propos à l’ouvrage d’Abdelmalek Sayad montre en effet que pendant longtemps plusieurs formulations concurrentes ont été employées pour désigner le seul et même phénomène de l’intégration. Il s’agit des termes « insertion », « assimilation », « intégration ».
Pour lui, ces formulations ne sont que les variantes d’un même ethnocentrisme d’Etat (10) [qui a toujours considéré les enfants d’immigrés comme] des cibles privilégiées des politiques d’intégration, des « populations à problèmes » devant être façonnées par la « pensée d’Etat » (11).
L’intégration rimerait ainsi avec une uniformisation pure et simple.
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